allain christophe

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Clairvoyant co fondateur d'ACTE ET SENS. https://www.acte-et-sens.fr/

Publié le par Christophe Allain

Regarder autour de nous suffit parfois à révéler une réalité troublante. Les interactions humaines, autrefois fondées sur la solidarité et l'appartenance, semblent s’être graduellement transformées. Aujourd'hui, elles vacillent sous le poids de l’utilitarisme et du virtuel. La question se pose alors : comment sommes-nous passés de relations d’entraide pour survivre à des rapports fondés sur l'utilisation de l'autre, jusqu'à voir une grande partie de nos interactions centralisées dans un écran de téléphone ?

Cet article explore cette évolution fascinante et propose des pistes pour réintroduire un souffle d’humanité dans nos vies.


Les Premiers Sillons : L’Utilité au Sein du Groupe

Si nous remontons aux origines de l’humanité, les relations humaines étaient étroitement liées à la survie. Vivre en groupe était une nécessité pour se protéger des prédateurs, partager des ressources et assurer la pérennité de la communauté. Dans ce modèle, chacun jouait un rôle selon ses capacités : le fort portait des charges, le rapide repérait les dangers, et le sage élaborait des stratégies. L’utilité n’était pas qu’une question de performance, mais d’adaptation.

Cette cohésion entre les membres reflétait déjà une idée claire : chacun avait une valeur intrinsèque, non pas parce qu'il était parfait ou performant, mais parce qu'il contribuait à la survie collective. Les rapports humains étaient empreints d’une reconnaissance mutuelle, d’une interdépendance respectueuse.

Ce que nous pouvons apprendre :

Se rappeler que, comme dans ces temps anciens, nos différences peuvent nous renforcer. Cultiver le respect pour ce que chaque personne apporte pourrait être une première étape vers des relations plus riches.


L’Ère de l’Objet : Où l’Autre Devient un Outil

Au fil des siècles, avec l’émergence des sociétés de consommation, l’idée de l’utilité humaine a pris un tournant drastique. Progressivement, les autres ont été perçus non pas comme des collaborateurs ou des membres d’un groupe solidaire, mais comme des moyens pour atteindre des fins personnelles.

Cette déshumanisation s’est accomplie insidieusement. Par exemple, dans le domaine professionnel, les individus sont souvent réduits à leurs fonctions : une secrétaire est définie par son rôle administratif, un artisan par sa capacité à produire. Dans les relations personnelles, la société surconsommatrice a intégré des codes dictant ce qu’il fallait "offrir" pour être attirant ou désirable. L’emballage devenait aussi important, sinon plus, que le contenu.

Le concept de “l’homme-objet” est ainsi né : des personnes évaluées non pour ce qu’elles sont mais pour ce qu’elles peuvent faire ou apporter.

Ce que nous pouvons réapprendre :

Redonner la priorité à l’être humain derrière les rôles et apparences. Nous pouvons nous entraîner à voir au-delà des fonctions et à nourrir une curiosité sincère pour la personne.


Le Tournant Virtuel : La Centralisation via Nos Téléphones

Le début du XXIe siècle a vu l’avènement d’une ère encore plus complexe : celle des interactions digitalisées. Le téléphone, petit objet du quotidien, est devenu le cœur centralisateur de nos relations. Il incarne à la fois une prouesse technologique et une simplification extrême de nos échanges. Commander une pizza, réserver un taxi, ou discuter avec des amis sont aujourd’hui accessibles en un clic.

Si cette instantanéité présente des avantages indéniables, elle s’accompagne d’un effet pervers : elle rend invisibles les humains derrière l’action. Nous remercions une application pour avoir livré notre repas, oubliant que derrière l’écran, il y avait un cuisinier, un livreur, un système logistique complexe. En remplaçant les visages et efforts humains par des interfaces épurées, l’idée que “les gens n’existent pas vraiment” s’installe inconsciemment.

Ce phénomène peut culminer dans une sorte de déconnexion émotionnelle. Nous entretenons avec notre téléphone une relation d’objets : il exécute nos requêtes sans poser de questions, créant l’illusion d’un contrôle total. Cette déshumanisation atteint parfois une limite absurde où l’objet devient plus fiable que l’être humain.

Ce que nous pouvons changer :

Rappeler à nos esprits que derrière chaque interaction numérique, il y a des vies. Offrir un mot de gratitude au livreur, une attention à un commerçant, et même une présence réelle à nos proches.


Les Conséquences de cette Évolution

Cette trajectoire des relations humaines a des impacts profonds. En privilégiant l’utilitaire et le virtuel, nous perdons en satisfaction émotionnelle. Les échanges riches en humanité, où l’autre existe pour lui-même et non pour son utilité, deviennent rares. En parallèle, nous réduisons souvent notre propre valeur à nos performances ou apparences.

À grande échelle, cela engendre une société de solitude et d’isolement. De nombreuses personnes se sentent déconnectées, même entourées. L’incapacité à tisser des liens humains réels nourrit un cercle vicieux où chacun s’isole davantage, confiant ses besoins relationnels à des écrans insensibles.


Comment Réhumaniser nos Relations ?

La bonne nouvelle, c’est qu’un retour en arrière est possible. Voici quelques pistes pour réintroduire de l’humanité dans nos relations au quotidien :

  1. Redécouvrir la simplicité des échanges humains : Prenez le temps de discuter, même brièvement, avec les personnes que vous croisez tous les jours.
  2. Valoriser les qualités humaines plutôt que la performance : Complimentez vos proches pour qui ils sont, non pour ce qu’ils accomplissent.
  3. Limiter la place du virtuel : Accordez de vrais moments sans téléphone à vos interactions, où l’attention est totalement dédiée à l’autre.
  4. Pratiquer la reconnaissance consciente : Rappelez-vous que tout service reçu implique des humains ayant donné leur temps et leur énergie.
  5. Ralentir : Au lieu de chercher l’instantanéité, savourez le processus, et acceptez que tout ne soit pas toujours immédiat.

Replacer l’humain au centre de nos rapports demande un effort, mais cet effort en vaut la peine. Chaque sourire, chaque main tendue, chaque conversation sincère peut aider à panser les blessures d’une société trop longtemps déshumanisée.

Et si le choix vous appartenait ?

Au final, choisir de réhumaniser nos relations, c’est choisir de vivre pleinement. En honorant les autres pour ce qu’ils sont, nous nous redécouvrons nous-mêmes. Alors, le moment est venu de redonner à nos interactions la richesse qu’elles méritent. Parce qu’au-delà de l’utile et du virtuel, l’essence humaine est ce qui nous lie réellement.

Christophe Allain (www.acte-et-sens.com)
Consultations avec christophe allain( ACTE ET SENS ):

https://reservation.acte-et-sens.com/events?calendar=Christophe

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